Le jour où Tim Burton m’a redonné foi en mon art!

TIm Burton/Inspiration/Daf Vador

Le jour où Tim Burton m’a redonné foi en mon art!

Mais d’abord, qu’est-ce que le processus créatif?

Voilà une question qui mérite qu’on s’y penche, non ? Comment fait-on pour être créatif ? Ou plutôt, par quel processus la créativité se déclenche-t-elle ?

Eh bien, voilà le grand secret. Attention, roulement de tambour… Avec de la pratique ! 

Pour découvrir ton processus de création, il faut… « créer » !


Laisse-moi te raconter une histoire…

Moi aussi, j’ai eu cette question qui m’a travaillé pendant un moment.

Comme tu le sais, je suis tatoueur depuis une vingtaine d’années, enfin, je préfère ne plus compter les années. Et l’histoire que je vais te raconter s’est passée il y a environ 7 ou 8 ans.

À cette époque, je doutais énormément de mes capacités. Plus j’avançais, et plus je stagnais. Rien ne se passait pour moi. Zéro évolution dans le dessin, voire même une certaine régression. Et pour couronner le tout, je subissais régulièrement les remarques d’une personne très manipulatrice. Consciente ou non de l’impact de ses paroles, je devais les encaisser en pleine figure :

– « Ton trait n’est pas assez puissant. »

– « Tes couleurs ne sont pas assez modernes. »

– « Tu devrais changer de style pour vendre… »

Bref, tu vois le tableau. Le plus dingue, c’est que cette personne n’a jamais dessiné de sa vie. Et moi, pendant un temps, j’accordais de l’importance à ses critiques. En attendant, je me noyais dans une frustration totale! J’en était arrivé au stade où je ne pouvais plus dessiner sans pression. Rien de plus mauvais pour créer n’est-ce pas?

Je ne te fais pas de dessin (pour une fois). J’étais au trente-septième dessous ! Je doutais de moi, et je bloquais complètement ! J’ai même pensé tout abandonner.


Mais c’était sans compter sur l’aide de… Tim Burton !

Alors, je t’arrête tout de suite, je n’ai pas été boire un café avec lui (si seulement). Non, je suis simplement un grand fan de ce monsieur.

À cette période de doute, une exposition « The world of Tim Burton » se tenait à Genk, dans les Flandres, à C-mine, un ancien site minier reconverti en méga-hub culturo-créatif. 

Je n’avais pas vraiment envie d’y aller, mais à un ou deux jours de la fin, ma compagne m’en a reparlé et je me suis dit que peut-être j’y découvrirais, en observant, les secrets de son processus créatif.

Malgré mon état d’esprit exécrable, une petite voix dans ma tête me disait : « Arrête de broyer du noir et va jeter un œil. »


Et là…

À peine entré, je me suis tourné sur ma gauche et BAM ! Comme un coup de massue (à rayures noires et blanches). Deux murs remplis de serviettes en papier, d’hôtel et de restaurant, où Tim avait griffonné les idées qui lui passaient par la tête… Et tenez-vous bien, son processus créatif expliqué en trois langues ! J’étais subjugué ! Et j’en ai toujours des frissons en y repensant.

Beaucoup de visiteurs semblaient surpris de voir de tels gribouillages. J’ai même entendu un couple critiquer vivement ces dessins. 

Ils ne comprenaient pas ! 

Manque de curiosité, d’imagination, d’ouverture d’esprit? Va savoir ! Moi, j’étais en admiration, je comprenais, enfin ! Et j’en voulais plus! 

J’ai compris qu’il ne servait à rien de donner de l’importance aux critiques de ce genre ! J’ai compris que je ne m’étais pas perdu, mais que j’avais perdu foi en moi ! Oui, rien que ça !

J’étais littéralement pris par mes émotions, et j’en ai versé ma petite larme. Ça peut paraître stupide ou anodin pour certains, mais pour moi, ce jour-là a été d’une grande valeur.

Mais laisse-moi t’expliquer vite fait comment Tim Burton procède, quel est son processus :

  • 1.Croquis et Dessins Préliminaires: Tim Burton commence souvent par des croquis et des dessins qui capturent l’essence des personnages et des mondes qu’il veut créer. Ces croquis sont spontanés, reflétant ses pensées et idées au fur et à mesure qu’elles se forment. Il ne se préoccupe pas du résultat ! Ce qui compte pour lui, c’est de donner vie à ses idées et inspirations.
  • 2.Développement de Personnages et de Scénarios: À partir de ses dessins, Burton développe des personnages et des histoires, souvent en travaillant avec des scénaristes ou des artistes pour approfondir les concepts. Les personnages sont généralement excentriques, étranges, avec une apparence visuelle très distinctive. Et quand tu vois d’où il démarre, c’est fascinant, magique !

Mais revenons à ces murs…

Je suis resté scotché devant ces deux murs, passant d’un dessin à l’autre. Pas besoin de les étudier pour comprendre son processus créatif : il m’explosait au visage ! J’avais trouvé le Saint Graal : des serviettes en papier et de quoi dessiner! Vite!


Cela m’a rappelé mon enfance

Comme beaucoup d’enfants, j’ai commencé à dessiner très jeune, sauf que dans mon cas, les crayons sont restés collés à mes doigts ! J’ai même gagné mes premiers sous grâce au dessin. J’allais régulièrement dans le café de mes grands-parents, et je dessinais sur les dessous de verre en carton. Mes grands-parents étaient aux anges quand je passais mes journées là-bas, car j’étais devenu la coqueluche des clients, qui me payaient avec des paquets de chips, des cocas, ou me donnaient de l’argent pour mettre de la musique dans le juke-box. Et le chiffre d’affaire du jour augmentait! 

Je me suis revu, des années en arrière, quand je me foutais royalement du reste du monde, pour dessiner des monstres partout où je le pouvais. Ce qui m’a valu pas mal de soucis à la maison, où je dessinais partout, surtout sur les murs, et à l’école, où je dessinais pendant les cours, puis pendant les retenues que les profs mécontents me donnaient ! J’avais aussi un oncle tatoué (de vieilles bousilles sur les avant-bras, faites à l’armée) et je m’étais mis à dessiner sur les bras de mes sœurs!  Autant te dire que le père n’était pas ravi du tout, car le tatouage était pour lui réservé aux voyous et autres marginaux et têtes brûlées !

Bref, je ferme la parenthèse «flashback » et je reviens à cette fabuleuse exposition ! Hahaha !


Je devais avoir l’air d’un sacré couillon!

Je sautais d’un coin à l’autre des différentes pièces qui pour moi renfermaient des trésors de créativité ! Il y avait bien sûr beaucoup de ses personnages représentés avec des mannequins et des sculptures toutes plus incroyables les unes que les autres. Je me suis particulièrement intéressé aux univers des films « Beetlejuice » avec son fameux serpent des sables,  et « Batman », avec un pingouin plus vrai que nature !

J’ai une fascination pour les clowns satiriques aussi… et puis je suis tombé sur ses toiles. Là, je n’en décrochais plus! 


Ensuite, petite séance cinéma

Dans une petite salle aménagée en cinéma de fortune, j’ai découvert son tout premier film en stop-motion. « Vincent ».

Réalisé en 1982, c’est un court-métrage en noir et blanc d’environ six minutes. Ce film raconte l’histoire de Vincent Malloy, un garçon de sept ans qui rêve d’être comme son idole, Vincent Price. Le style visuel et la narration unique de ce film montrent déjà la signature artistique de Tim Burton, qui deviendra célèbre pour ses œuvres en stop motion comme « The Nightmare Before Christmas » et « Corpse Bride », pour ne citer qu’eux.

Et ce jour-là est née une nouvelle « double » passion pour moi : la sculpture et les films en stop-motion. Ce qui m’a mené à découvrir d’autres films, d’autres réalisateurs, comme les studios « Laika », avec Paranorman, The Boxtrolls, que je te recommande, si tu es déjà fan de Burton. Les univers sont différents, mais complémentaires, à mes yeux.


Hasard?

Avec ma compagne, nous sommes arrivés vers la fin de l’exposition, et en passant entre deux salles, je me suis pris le dernier « punch » de cette superbe journée. Je venais seulement de remarquer où nous étions, trop ébloui par tout ce que je venais de voir. Cette exposition avait lieu dans un ancien site d’exploitation minière, comme je l’ai cité plus haut dans cet article. Nous sommes passés devant une machine qui a attiré mon attention, et là, j’étais vraiment, mais vraiment, pris à la gorge ! Quelques années auparavant, devant cette même machine, une photo de mon meilleur ami et moi avait été prise, lors d’une convention de tatouage organisée au même endroit! Un artiste talentueux,  qui nous a quittés trop tôt.


Direction la sortie (snif)

Après tout ça, avec ma compagne, nous nous sommes dirigés vers la sortie. Non sans passer par la boutique souvenir… pour me ruiner! Mais je me suis fait plaisir! Je me suis dit que je pourrais peut-être trouver un recueil de ces fameux dessins réalisés sur des serviettes en papier.. et il en restait un, qui m’attendait ! Je pense que si une autre personne avait posé la main dessus en même temps que moi, j’aurais pu lui arracher le bras !

Ce livre ? « The Napkin Art of Tim Burton », je te le conseille vivement !

Et je relis souvent l’intro de ce livre, que je t’ai traduite ici  (enfin pas moi, merci Deepl):

« Pourquoi des serviettes ? Tout simplement parce que j’aime dessiner sur n’importe quelle surface disponible. C’est thérapeutique. Avec tous mes voyages, je suis souvent dans des restaurants et des bars, et la surface vierge la plus facile à trouver (à part le plateau de la table ou les murs qui ne sont pas forcément appréciés) sont les serviettes de table. À défaut d’autre chose, c’est un rappel intéressant de lieux et d’humeurs. Je souhaite également encourager les autres à créer, quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Ce n’est pas tant le résultat qui compte que le processus. Par exemple, n’hésitez pas à dessiner dans ce livre si l’envie vous en prend. J’ai laissé de la place sur cette serviette, juste pour vous. » J’en ai aussi profité pour m’offrir « The Melancholy Death of Oyster Boy & Other Stories ». Une pépite !


Quelles leçons j’en ai tiré?

Pour commencer, tu ne pourras pas empêcher les gens de critiquer ton travail. Moi, je préfère un véritable échange d’idées, de conseils, pour que chacun reparte plus riche qu’il n’est arrivé. J’ai appris à ne pas donner d’importance aux critiques qui blessent, et à laisser le dialogue ouvert au partage.

Ensuite, la leçon la plus importante, et c’est Tim Burton qui me l’a apprise : « Ce n’est pas tant le résultat qui compte que le processus. » Et quand je doute, je relis cette phrase.

Alors, ne doute plus, dessine, peins, sculpte ! Crée autant que tu le peux ! C’est ton super pouvoir! Amuse-toi en parcourant ce beau chemin que tu as choisi ! Va savoir où il t’emmènera.

L’année dernière avait lieu une nouvelle Expo, « Le labyrinthe de Tim Burton ». Expérience plus immersive de son univers. Différent, mais tout aussi passionnant! 

Et devine qui courait partout comme un couillon?


Et si tu souhaites aller plus loin, voici quelques-uns des bouquins que je te recommande:

Mon matériel de dessin:

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2 commentaires sur “Le jour où Tim Burton m’a redonné foi en mon art!

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